Ce qui émerge dans l’émergence de l’Afrique

Je vous invite à découvrir cet article, qui permet de comprendre l’Afrique.

Depuis quelques années, le terme « émergence » est employé pour définir ce qui serait la nouvelle trajectoire de l’Afrique subsaharienne. Ce terme a remplacé le mot « développement » qui fait aujourd’hui complètement « has been ». Au XXe siècle, l’Afrique subsaharienne était censée se développer ; au XXIe siècle elle est censée émerger. Ainsi, sur 54 pays africains, 37 ont lancé un plan visant à devenir un « émergent » à moyen terme.

L’émergence signifie que des mutations socio-économiques profondes sont à l’œuvre. L’urbanisation est rapide et change les modes de vie. Une classe moyenne fait son apparition. Les perspectives de croissance des économies africaines – qui sont qualifiées de « lions » ou d’« éléphants » en fonction des rapports – sont prometteuses et pérennes. Les entrepreneurs africains innovent et créent de nouveaux biens et des services grâce aux technologies numériques qui connectent les Africains à d’autres mondes. Les femmes africaines luttent pour améliorer leur statut dans la société.

Mais le nouveau concept d’émergence résume-t-il vraiment la trajectoire de l’Afrique depuis le début du XXIe siècle alors que les bienfaits de la globalisation sont de plus en plus mis en doute, qu’une nouvelle crise de la dette pointe à l’horizon et que des centaines de milliers d’Africains fuient le continent au péril de leur vie ?

Qu’est-ce que l’émergence ?

Depuis plus d’une décennie, ce concept domine le discours sur l’Afrique et une conférence sur l’émergence a lieu chaque année à l’initiative du président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara.

L’émergence se caractérise par :

  • un taux de croissance à deux chiffres ;
  • la formation d’un marché de consommation et de son corollaire sociologique, une classe moyenne autrefois inconnue ;
  • un regain d’investissements privés importants qui signale l’attractivité des marchés africains ;
  • l’accès d’une part grandissante de la population aux nouvelles technologies de la communication.

Entre 2001 et 2010, six des dix pays avec le taux de croissance économique le plus élevé au monde étaient africains : l’Angola (1er), le Nigeria (4e), l’Éthiopie (5e), le Tchad (7e), le Mozambique (8e) et le Rwanda (10e).

Les nouvelles technologies se répandent à un rythme soutenu en Afrique avec un taux de pénétration de l’Internet mobile qui doit passer pendant la période 2016-2020 de 26 % à 38 % de la population. Et dans un rapport qui est devenu célèbre (« Le milieu de la pyramide : les dynamiques de la classe moyenne africaine »), la Banque africaine de développement (BAD) estimait en 2011 qu’environ 370 millions Africains appartenaient à la classe moyenne, soit 34 % de la population du continent. Bref, l’émergence est une façon de dire que l’Afrique se met au diapason des évolutions du XXIesiècle.

L’émergence à la loupe

Comme tout phénomène nouveau, l’émergence a son observatoire.

En 2017, un think tank d’experts africains, l’Observatoire pour l’émergence en Afrique, a rendu public la première édition de son « index de l’émergence en Afrique ». Ce travail fournit une définition de l’émergence et pratique le classement par indicateurs.

L’émergence est définie comme « un processus de transformation économique soutenue qui se traduit par des performances aux plans social et humain, et qui prend place dans un contexte politique et institutionnel stable susceptible d’en assurer la soutenabilité ». L’index de l’émergence est une tentative d’objectiver le processus d’émergence avec des indicateurs empruntés à d’autres outils d’évaluation tels que l’indicateur de développement humain du PNUD et les indicateurs de gouvernance institutionnelle développés par la Banque mondiale.

L’index de l’émergence en Afrique établit ainsi une classification des pays africains en les qualifiant d’« émergent », de « seuil », de « potentiel », ou « autre ». Selon cet index, il n’y aurait que 11 pays émergents en Afrique sur 54. Les résultats sont, par ailleurs, très contrastés non seulement selon les régions du continent mais à l’intérieur même de ces régions.

En 2018, quid de l’émergence ?

En 2018, que reste-t-il de la croissance pérenne et des champions de l’émergence d’il y a dix ans : Mozambique, Angola, Nigeria, Éthiopie, Tchad et Rwanda ? Comme le montrent le graphique et la carte ci-dessous, pas grand-chose.

Croissance du PIB ( % annuel). Données des comptes nationaux de la Banque mondiale et fichiers de données des comptes nationaux de l’OCDE.
Banque mondiale, CC BY

Parmi eux, le Rwanda est le seul à confirmer dans la durée ses bonnes performances (taux moyen de croissance du PIB de 8 % de 2001 à 2015, réduction du taux de pauvreté de 44 à 39 %, etc.).

Après avoir tenté de dissimuler au moins deux milliards de dollars d’emprunts, le Mozambique est en pleine crise de surendettement ; l’Angola est passé d’un taux de croissance du PIB de 20 % en 2006 à 1 % en 2017 et a frôlé le défaut de paiement ; le Nigeria – qui est entré en récession en 2016 (-1,6 %) sous l’effet de la chute des cours du baril – n’en sort que très timidement en 2017 (+0,8 %) ; l’Éthiopie connaît une crise politique complexe depuis 2015 ; et le Tchad, producteur de pétrole depuis le début du siècle, fait la manche auprès des pays du Golfe arabique et vient s’ajouter à la longue liste des pays qui peinent à payer leurs fonctionnaires. Les marges de manœuvre budgétaires de ces gouvernements sont réduites à peu de choses après deux ou trois années extrêmement difficiles.

La classe moyenne revue et corrigée

En ce qui concerne les classes moyennes africaines érigées en symbole du dynamisme du continent et en nouveau marché prometteur du capitalisme de consommation, l’enthousiasme initial du rapport de la BAD en 2011 a été tempéré par d’autres études.

En effet, pour la BAD, un Africain appartient à la classe moyenne lorsque son revenu quotidien est compris entre 2,2 et 20 dollars. Mais appartenir à la classe moyenne ne signifie pas seulement être capable de se nourrir, de se loger et de se vêtir aujourd’hui mais aussi demain et les jours qui suivent. Par conséquent, selon d’autres travaux, il est plus exact de mettre la barre monétaire de la classe moyenne à partir d’un revenu de 12 dollars par jour.

Du coup, le poids de la classe moyenne africaine sur le continent s’approcherait davantage des 13 % que des 34 %, représentant près de 143 millions d’Africains… Ce n’est donc plus un Africain sur trois qui appartiendrait à la classe moyenne mais un sur dix. Une classe moyenne africaine émerge (les Cheetahs au Kenya, les Black Diamonds en Afrique du Sud), mais les pauvres restent encore très majoritaires.

La dépendance économique, paradigme fondamental de l’Afrique

Le paradigme de la dépendance change mais persiste. Des trois facteurs-clés de la croissance économique (technologie, capital et travail), deux viennent d’ailleurs.

Les inventions de la troisième révolution industrielle qui changent le quotidien des Africains n’ont pas eu lieu en Afrique. De même, les transferts financiers des migrants, les investissements directs étrangers et l’aide publique au développement représentent 2,5 fois le montant des capitaux privés investis par le secteur privé du continent.

Qu’il s’agisse d’un pays avec de bonnes performances comme le Rwanda ou d’un des pays les plus pauvres du monde comme le Burundi, l’aide étrangère continue d’assurer une part substantielle de leur budget national et donc de la viabilité financière des États africains. Pour le premier, celle-ci évolue entre 30 et 40 % du budget national, tandis qu’avant la suspension de l’aide des bailleurs européens en 2016, celle-ci représentait plus de 50 % du budget burundais.

Bord de mer, à Luanda, capitale de l’Angola (ici en 2013).
Fabio Vanin/Wikimedia, CC BY-SA

Du XXe au XXIe siècle, la dépendance de l’Afrique est résiliente et elle présente toujours les mêmes symptômes. Ainsi, les pays producteurs de matières premières (hydrocarbures et minerais) n’ont pas profité de la décennie des cours élevés pour diversifier leur économie et restent prisonniers de l’évolution cyclique du marché des matières premières. Les accès de nationalisme des ressources des gouvernants quand les cours remontent dissimule mal les rentes personnelles qu’ils retirent de cette servitude volontaire.

Le surendettement qui a frappé les économies africaines dans les années 80 est de retour. Selon le FMI, huit pays sont en situation de surendettement (dont celui qui était la « success story » économique du continent, le Mozambique) et autant présentent un risque élevé d’y basculer. La dette publique en Afrique subsaharienne représentait 45 % du PIB fin 2017, en hausse de 40 % en trois ans ! Le gouvernement chinois qui est désormais le grand prêteur de l’Afrique s’inquiète maintenant ouvertement de la non-solvabilité de certains gouvernements africains.

La bonne vieille dépendance a néanmoins changé de visage : au XXIe siècle, ceux dont les gouvernements africains dépendent ne sont plus les mêmes. Dans un contexte où l’aide publique occidentale diminue tendanciellement et où les gouvernements occidentaux se désengagent d’Afrique (sauf évidemment en ce qui concerne la lutte contre les djihadistes), d’autres prêteurs (chinois ou arabes) et les multinationales sont devenues les nouveaux maîtres du jeu, comme l’a appris le président tchadien Idriss Déby à ses dépens.

De quoi l’émergence est-elle le nom ?

L’émergence apparaît simultanément comme une actualisation du vocabulaire, l’autre mot pour dire « développement » au siècle de la globalisation, comme un concept déjà dépassé qui ne parlerait que de la première décennie de ce siècle et comme un coup de marketing par définition éphémère.

Pourtant elle met au grand jour d’importantes et durables réalités :

  • L’émergence est avant tout un rattrapage. Si le continent africain émerge, c’est aussi le dernier à le faire. En 2014, avec un milliard d’habitants, la production d’électricité sur le continent s’élevait à 80 GW, soit l’équivalent de celle de la Corée du Sud qui compte 51 millions d’habitants. De même, l’Afrique subsaharienne est le dernier continent qui se met à produire l’invention symbole du XXe siècle : l’automobile. Le rattrapage est certes en cours avec une timide reprise de la croissance depuis 2017 mais, compte tenu du fait que le reste du monde évolue économiquement et technologiquement de plus en plus vite, la course sera longue et probablement pas en ligne droite mais plutôt en zigzags.
  • La question de la gouvernance publique reste centrale pour réduire la dépendance. Cela exige un gouvernement intègre, volontariste et capable d’agir dans la longue durée pour développer de manière endogène les facteurs de croissance. À ce titre, la formation de la main-d’œuvre africaine devrait être une priorité réelle au lieu d’être un engagement cosmétique des gouvernements.
  • Après avoir été l’arrière-cour des puissances européennes et de leurs rivalités au XIXe siècle, l’Afrique est au XXIe siècle l’arrière-cour des puissances émergentes et de leurs rivalités. Depuis le début du siècle, la Chine, le Brésil, l’Inde, la Turquie, la Corée du Sud, etc., ont développé de nouvelles relations multidimensionnelles avec les pays africains, y compris pour certains d’entre eux des relations militaires. La lutte entre le Qatar et l’Arabie saoudite résonne jusqu’au Sahel et dans la Corne de l’Afrique grâce à la diplomatie du pétrodollar à l’égard de gouvernements africains ayant désespérément besoin d’argent et prêts à se louer à un camp ou un autre.

Ce qui émerge de l’Afrique : la puissance des autres et plus particulièrement de la Chine

L’Afrique est le lieu où les vrais émergents (asiatiques et arabes) projettent en premier leur nouvelle puissance et s’offrent de nouvelles clientèles dans le cadre d’une compétition acharnée. Même les vieilles puissances sur le retour (comme la Russie) y font aujourd’hui leur come-back.

À ce jeu, la Chine reste en tête. Pendant ces 20 dernières années, sa croissance l’a rendu avide de matières premières africaines et elle est désormais le premier partenaire commercial et premier bailleur bilatéral du continent.

Paradoxalement, ce qui émerge derrière l’émergence de l’Afrique, c’est avant tout la puissance chinoise. Or dans un continent très dépendant financièrement, la position dominante chinoise n’est pas sans conséquence politique pour les Africains, y compris en termes de politique intérieure. Les appuis qu’apporte Pékin au régime du président Kabila contre son peuple, en République démocratique du Congo (RDC), et la bienveillance de la Chine à l’égard de la mise à l’écart du président Mugabe au Zimbabwe sont les premiers indices d’ingérence de la part d’une nouvelle puissance internationale qui se targue d’être non impérialiste par nature mais s’implante militairement sur le continent et joue de sa domination économique quand bon lui semble.

Pratiquée par les Occidentaux et l’URSS pendant la Guerre froide, la diplomatie du portefeuille et du clientélisme a encore de beaux jours devant elle dans une Afrique qui « émerge » lentement.

Thierry Vircoulon, Chercheur associé à l’Ifri / Sciences Po – USPC

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Que signifie être culturellement compétent ?

Dans le domaine du conseil, de la formation ou de l’accompagnement (coaching) les consultants, les formateurs, des coachs sont dits culturellement compétents s’ils reconnaissent que les différences culturelles et linguistiques des clients, stagiaires, coachés peuvent éventuellement présenter des obstacles aux conseils, à la formation et à un accompagnement efficaces et si, en conséquence, ils cherchent et établissent des voies et des moyens permettant l’instauration d’un environnement culturellement sensible.

Être culturellement compétent ne signifie pas, qu’il faut connaître tous les éléments de la culture de chaque personne, maïs plutôt qu’il faut posséder les habiletés et les connaissances voulues pour établir des relations harmonieuses dans un environnement interculturel.

Pour agir dans un environnement interculturel il faut intégrer trois composantes essentielles de la compétence culturelle : les attitudes, les connaissances et les habiletés. (cf les travaux du philosophe Raul Fornet-Betancourt, dédié au dialogue interculturel. 2003).

Avant même d’essayer de nous familiariser avec nos interlocuteurs étrangers, une prise de conscience de soi facilitera la compréhension de nos propres croyances et antécédents ethnoculturels. Cela passe par la mise en lumière nos propres attitudes, la compréhension de nos propres schémas et systèmes de valeurs culturelles.

Il nous faut être vigilant sur certaines croyances et attitudes ethnocentriques stéréotypées, présentes dans notre quotidien. Nous pouvons facilement faire des associations et des généralisations sans tenir compte des différences culturelles entre les personnes.

Dès lors, nous serons plus sensibles à la diversité culturelle à mesure que nous nous familiariserons avec les expériences et les antécédents culturels de nos interlocuteurs.

Considérer la compétence culturelle comme un processus permettra en fin de compte d’améliorer et de perfectionner nos habiletés interculturelles de communication.
Afin de nous amener à examiner les obstacles à la communication interculturelle, à faire ressortir certains malentendus, stéréotypes et préjugés dans ce domaine.

Mais avant tout il faut développer et entretenir le sentiment d’empathie nécessaire à toute interaction interculturelle.

Jean Posiere

La pédagogie active une conviction en action.

Dans ma pratique de consultant formateur la mise en œuvre d’une pédagogie reposant sur des méthodes actives en formation est un postulat de départ, dans la conception d’un formation.

Je vous propose un rapide tour d’horizon des cinq principales méthodes utilisées en formation. Un très bon moyen de rendre vivantes vos interventions et formations.

LA MÉTHODE DÉMONSTRATIVE

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Le principe de cette méthode est de montrer par le formateur un geste, une technique et de le faire reproduire. Cela permet à l’apprenant d’appliquer une technique précise au sortir du temps de formation. L’avantage de cette méthode permet un apprentissage efficace d’une technique précise avec un retour immédiat. De plus la situation d’apprentissage est sécurisante et progressive pour l’ensemble des acteurs. Les participants peuvent s’exprimer, agir et expérimenter avec le soutien du formateur. Une taille du groupe réduite favorise le suivi de chacun des participants. Pour éviter l’impression un peu scolaire qui peut-être ressenti par les stagiaires il est bon d’alterner cette méthode avec les 4 autres.

Nous travaillons en étroite collaboration avec les formateurs internes porteurs des connaissances métiers de l’entreprise.

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Quelles sont les conséquences du Lean Management sur la qualité de vie au travail ?

Améliorer la qualité, la productivité et réduire des délais sont les principaux objectifs de nombreuses entreprises qui mettent en place des organisations du travail inspirées par le Lean management.

Je vous propose dans cet article deux axes de réflexion, le premier revient rapidement sur les fondamentaux du Lean Management ; le second sur les effets et conséquences que sa mise en œuvre peut avoir sur la qualité de vie au travail et la santé des salariés.

1 – Le Lean Management

La nécessaire adaptation des entreprises face aux contraintes économiques et budgétaires toujours plus fortes, de nombreuses entreprises mettent en place des démarches et outils Lean pour améliorer la performance. Les objectifs visent à améliorer les résultats en matière de qualité, de productivité, de délais et de réduction des coûts.

Les principes affichés s’inspirent du système de production développé au Japon par l’entreprise Toyota dans les années 60 et 70.

L’ouvrage de Jeffrey K. Liker, « The Toyota way » nous présente les 14 principes du Lean Management qui se divisent en 4 catégories et constituent les fondations de la pensée Lean, ils fondent le système Toyota.

Voici le résumer de ces principes :

Une philosophie du long terme

  • Penser sur le long terme : Baser la prise de décision sur une philosophie à long terme, en acceptant les conséquences financières à court terme

Les bons processus donneront les bons résultats

  • Fluidité : Créer des processus en flux pièce à pièce pour permettre de mettre en évidence rapidement les problèmes (flux continu).
  • Flux tirés : Utilisez des systèmes de « flux tiré » pour éviter la surproduction
  • Production constante et lissée : Lissez la production (heijunka).
  • Automatisation avec une touche humaine : Créez une culture de résolution immédiate des problèmes, de façon à produire de la qualité du premier coup.
  • Tâches standardisées : La standardisation du travail (des tâches) est la base de l’amélioration continue et de l’implication, de la responsabilisation des collaborateurs
  • Contrôles visuels : Utiliser le management visuel afin qu’aucun problème ne reste caché.
  • Technologies et méthodes fiables : Ne mettre en service uniquement des technologies fiables, longuement éprouvées, qui servent les collaborateurs et les processus.

Apporter de la valeur à l’organisation en développant les personnes

  • Cultiver les leaders : Formez des responsables qui connaissent parfaitement le travail, incarnent la philosophie et l’enseignent aux autres.
  • Faire monter en compétence les personnes de qualité : Formez des individus et des équipes de travail exceptionnels qui appliquent la philosophie de votre entreprise.
  • Respecter et motiver ses partenaires : Respectez votre réseau étendu de partenaires et de fournisseurs en les encourageant et en les aidant à progresser et s’améliorer.

La résolution continue de problème est un moteur d’apprentissage pour l’organisation

  • Aller toujours sur le terrain : Allez sur le terrain pour bien comprendre en profondeur la situation (genchi genbutsu).
  • Prendre les décisions en consensus : Décidez en prenant le temps nécessaire, par consensus, en examinant en détail toutes les options possibles. Appliquez rapidement les décisions choisies.
  • Amélioration continue : Devenez une entreprise apprenante grâce à la réflexion systématique (hansei) et à l’amélioration continue (kaizen).

Quelques outils du Lean :

  • 5S : Initiales de cinq termes japonais qui désignent les étapes d’une méthode d’organisation, de rangement et de nettoyage des postes de travail et de leur environnement : Seiri, Seiton, Seiso, Seiketsu, Shitsuke
  • VSM : Value Stream Mapping : outil permettant de cartographier les flux physiques et d’information d’une entreprise. Cette cartographie permet d’identifier les sources de valeur ajoutée ainsi que les sources de gaspillages pour les réduire ou les éliminer.
  • Kanban : Kanban, ou étiquette en japonais. Un système Kanban est un système de management de la production par reconstitution d’un stock dans lequel le client est venu prélever son besoin. Par un système de cartes de prélèvement ou de fabrication, on s’assure de ne produire que ce dont le client a besoin, dans une logique de flux tiré.
  • SMED : Single Minute Exchange of Die : démarche pour le changement rapide de série ou d’outillage, en moins de dix minutes.
  • Kaizen : Philosophie d’amélioration continue destinée à supprimer les « gaspillages » et simplifier les processus. Elle s’appuie sur la participation des opérateurs à des analyses sur le terrain.
  • Takt Time : Temps nécessaire pour produire une pièce selon le rythme de la demande moyenne du client. Il est calculé en divisant le temps total disponible pour la production par le nombre de pièces demandées par le client sur la même période.
  • Andon : Dispositif visuel permettant d’alerter le superviseur en cas d’aléa de la production. Il peut être actionné manuellement par un opérateur ou automatiquement par une machine.

2 – Les effets du Lean Management

Hormis son objectif affiché de réduction des coûts, une des promesses du Lean Management est également de donner aux salariés les moyens de travailler dans de bonnes conditions. Ainsi que de chercher à valoriser la prise en compte des facteurs biomécaniques de risque au poste de travail. Cela ne suffit pas cependant à supprimer les risques de TMS et autres effets sur la santé des salariés puisque le résultat dépend bien évidemment aussi de la nature et du processus des transformations.

Revenons sur ce point au travers de la  note technique de l’INRS (1) qui fait un zoom sur les nombreuses études montrant que les pratiques inspirées du Lean Management sont parfois défavorables aux conditions de travail.

Un débat existe aujourd’hui sur les conséquences en matière d’intensification et de densification du travail et des effets possibles sur la santé et la qualité de vie au travail. Il repose sur l’analyse critique des pratiques de ce mode d’organisation vis-à-vis de la nécessité de la prévention des risques professionnels. Elle montre que les changements organisationnels liés à la mise en place des démarches et outils de Lean Management ne sont pas toujours cohérentes avec la santé, la sécurité et la qualité du travail des salariés.

L’INRS  liste les points suivants :

  • L’organisation d’une polyvalence des opérateurs n’est pas toujours accompagnée de formations adéquates ni d’une évaluation des impacts potentiels sur le personnel.
  • L’effort de standardisation ne laisse pas toujours aux opérateurs les moyens de traiter les problèmes à leur niveau, ni l’autonomie décisionnelle nécessaire pour qu’ils puissent réguler leur activité.
  • Considérer les actions à éliminer sur le seul critère de la valeur ajoutée du point de vue du client peut conduire à supprimer des actions ou des informations qui permettent aux opérateurs de préserver des marges de manœuvre autant utiles à leur santé qu’à la performance globale de l’entreprise.
  • Le management de proximité n’est pas toujours en mesure d’encourager la remontée de problèmes pour les résoudre, en raison de la pression d’objectifs à court terme.
  • Les conditions d’une réelle participation des opérateurs dans les chantiers d’amélioration continue peuvent ne pas être satisfaites et la participation des opérateurs ne suffit pas à garantir une contribution et une adhésion effective.

Sous certaines conditions, la mise en place d’une démarche de Lean Management doit néanmoins s’accompagner de réflexions et d’actions en faveur de la santé et de la sécurité au travail. Son implantation et sa mise en œuvre se déclinent de manière très différente d’une entreprise à l’autre, avec des résultats contrastés selon la manière dont les déploiements des outils du Lean Management sont accompagnés et s’articulent avec la démarche de prévention des risques professionnels.

Pour approfondir ce sujet nous vous invitons à approfondir cet article par là :

Jean POSIERE

(1) Association loi 1901, sans but lucratif, l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS)

La mémoire un processus au cœur de notre cerveau.

Enseignant, formateur, transmetteur de connaissances, d’informations, il vous est un jour arrivé de vous interroger sur la façon dont les apprenants retenaient les informations dispensées.

Je vous invite à une rapide synthèse du fonctionnement de notre « ordinateur » personnel et portatif, le cerveau.

 

Notre cerveau, avec ses deux hémisphères et

à leurs surfaces quatre grands lobes (frontal, pariétal, temporal et occipital),

 

ses six régions : thalamus, hypophyse, hypothalamus, cortex, cervelet, tronc cérébral ; sa matière grise que l’on nomme également cortex, qui est le lieu privilégié des connexions neuronales (Donc du traitement de l’information) et

 

Neurone

plus de ses 200 types de neurones dont la longueur varie d’un millimètre à plus d’un mètre. Ce sont les neurones qui transmettent l’influx nerveux depuis les récepteurs sensoriels jusqu’au cerveau. Sensation, mouvement, pensées et émotions résultent de la communication entre les neurones. La transmission entre les neurones se faisant par une conduction électrochimique effectuée par les synapses.

Les synapses.

 

 

 

 

 

Cerveau triunique

En 1969 Paul MacLean introduit un modèle permettant de considérer la structure du cerveau en relation avec son histoire : le « cerveau triunique ».

Selon celui-ci, trois « strates » de cerveau, apparues successivement au cours de l’évolution cohabitent entre nous : Un cerveau reptilien (le plus ancien), un cerveau limbique (datant de l’époque des mammifères) et un néocortex. La recherche actuelle considère que ces trois cerveaux sont dépendant les uns des autres et qu’ils demeurent en perpétuelle communication.

Nos 5 sens , la vue, l’ouïe, le toucher, le goût, l’odorat renseignent le cerveau sur notre environnement. C’est notre système nerveux qui fonctionnent comme un système de récepteurs spécialisés adresser l’information brute. C’est notre cerveau qui va reconstituer l’information en une représentation cohérente du monde. Ce jeu de réception, d’intégration et d’émission de signaux représente la fonction majeure du cerveau, qui explique à la fois les sensations, le mouvement, la mémoire et du moins, suppose-t-on la conscience.

Voilà une très rapide synthèse de notre complexe cerveau.

Comment fonctionne la mémorisation ?

Fort de tous ces stimuli le cerveau modifie constamment sa structure selon les expériences rencontrées. C’est le principe de l’apprentissage, qui correspond à un encodage des informations, première étape du processus de mémorisation.

L’hippocampe est cette zone du cerveau situé sous le cortex, elle est impliquée dans l’apprentissage et les processus de mémorisation, dont celui de la mémoire spatiale. Des études ont montré que la sollicitation permanente de cette zone, elle se développe plus et cela a des conséquences sur la morphologie cérébrale.

Chaque fois que nous apprenons quelque chose, des circuits neuronaux sont modifiés dans notre cerveau. Les synapses augmentent leur efficacité suite à la répétition de l’apprentissage, facilitant et renforçant le passage de l’influx nerveux dans un circuit particulier.

Une fois l’apprentissage accompli, cette nouvelle association durable entre certains neurones peut être mobilisée au moyen de la mémoire. Mémoire et apprentissage sont donc intimement liés. La mémoire, au fond, est la trace qui reste des apprentissages.

Il a été découvert que le souvenir d’une expérience réactive exactement le même réseau de neurones que celui activé lors de l’expérience elle-même. Cela démontre que notre mémoire n’est pas localisée, mais quelle fait appel aux combinaisons de neurones dans toutes les aires du cerveau. La mémoire est une reconstruction neuronale.

Notre mémoire est également divisée, nous savons que la mémorisation fait intervenir des structures différentes en fonction du type d’information concernée et ce que l’on veut en faire. Il y a donc plusieurs mémoires, interconnecté et travaillant entre elles.

Quelles sont elles ?

La mémoire à court terme : elle enregistre temporairement des données en vue de mener à bien une tâche prochaine. Cette mémoire immédiate permet de retenir 5 à 7 éléments simultanément (L’empan mnésique). Cet empan mnésique désigne le nombre d’éléments (en général des chiffres) que l’on peut restituer immédiatement après les avoir entendus. Une expérience classique consiste à lire une liste de chiffres, à une vitesse donnée (par exemple un par seconde) puis à demander au sujet de les restituer dans l’ordre. Quand la liste contient moins de 5 éléments, le rappel ne pose normalement pas de problème. Au-dessus de 7 éléments il devient beaucoup plus difficile. La mémoire immédiate sert à conserver des informations provisoirement et à traiter des informations. On peut l’améliorer en regroupant les éléments par catégorie en organisant l’information, en donnant du sens à cette information, en utilisant des techniques mnémotechniques.

La mémoire de travail : c’est un stockage temporaire qui permet de retenir les informations utiles à une activité donnée (une liste de tâches à réaliser, par exemple).

Pour apprendre au -delà de la mémoire de travail il faut mémoriser et donner du sens et organiser.

Le passage de la mémoire à court terme à la mémoire à long s’effectue grâce à l’hippocampe.

La mémoire à long terme : c’est la mémoire qui permet de retenir, de manière illimitée, une information sur des périodes de temps très longues (années). La notion de mémoire à long terme est un concept utilisé dans les modèles de mémoire qui distinguent plusieurs sous-systèmes en fonction du type d’information mémorisée et de la durée de rétention.

La mémoire à long terme s’oppose ainsi au registre sensoriel (ou mémoire sensorielle), à la mémoire à court terme et à la mémoire de travail.

Les contenus de la mémoire à long terme sont décrit selon leur nature comme épisodique, sémantique et procédurale.

Mémoire épisodique : Ce type de mémoire comprend les souvenirs des évènements vécus. C’est la mémoire de l’expérience personnelle. Cependant, elle est paradoxale. On a l’impression de mieux se souvenir des expériences que des connaissances, mais c’est le contraire. En fait, les événements ne sont pas revécus, mais reconstruits. Donc les émotions que font revivre les souvenirs peuvent modifier notre souvenir du passé.

Mémoire sémantique : Ce type de mémoire porte sur les faits et les connaissances encyclopédiques. Elle fonctionne par des concepts objectifs, ce qui la rend plus fiable et solide que la mémoire épisodique.

Mémoire procédurale : Ce type de mémoire porte sur les habiletés motrices, les savoir-faire, les gestes habituels. C’est grâce à elle qu’on peut se souvenir comment exécuter une séquence de gestes. Elle est très fiable et conserve ses souvenirs même s’ils ne sont pas utilisés pendant plusieurs années. La mémoire procédurale est activée dans les actions que nous menons « en roue libre » : allumer une cigarette pour les fumeurs, lacer ses chaussures, démarrer sa voiture, etc.

Si la mémoire procédurale est implicite, elle présente cependant l’avantage de pouvoir être explicitée lorsque le sujet est questionné. C’est pourquoi, la question « Comment faites-vous pour changer une roue ? » apporte une réponse qui peut être traduite dans un arbre décisionnel détaillé. À chaque « nœud », un changement de procédure peut être effectué (exemple : le démontage se fait avec un cric..), ce qui est utile pour réparer un pneu de son véhicule.

La répétition de l’apprentissage correspond à de multiples passages dans la région de l’hippocampe, c’est cela qui renforce les liens neuronaux concernés. Au bout d’un certain temps, le travail de l’hippocampe ne sera plus plus nécessaire : le cortex aura appris à combiner seul ces informations pour en faire un souvenir.

Dans un prochain article nous ferons le lien entre le fonctionnement du cerveau et les pédagogies actives.

Synthèse réalisée à partir   des sources suivantes :

  • Tout savoir sur le cerveau – Hatier
  • Articles  sur la mémoire – Wikipédia

Jean Posiere